Je parie qu’il fut particulièrement froid ce jour-là.

Qu’il fut calme et silencieux.
Qu’à intervalle, on entendait le martèlement sourd des sabots sur les routes pavées.
Que le vent s’était tu, que la rivière semblait couler plus lentement.
Que les oiseaux volaient discrètement, et refusaient de chanter.

Tout semblait attendre, tout semblait suspendu.
Tout semblait présager qu’il allait se passer
quelque chose de terrible sur la terre !

Le Capitole abrita des âmes lâches et ingrates.
Je parie qu’ils eurent tous peur! Très peur !
Qu’ils bougeaient frénétiquement, sans un mot,
ne faisant que s’échanger des regards errants, lourds et tendus.
Que les poignards qu’ils tenaient alourdirent leurs mains, pas plus !

César fut reçu par une nuée de vautours,
De loin, Pompée les observa, jubilant de plaisir,
se jeter précipitamment sur un homme désarmé,
aveugles de rancune, de jalousie, et surtout de frayeur.
Tellement dominés par le chaos qu’ils se heurtèrent entre eux.
Ainsi des insectes, redoutant qu’il ne se relève pour les écraser.

Le roi de la mer et de la terre n’eût jamais peur de la mort.
J’en suis persuadé.
Il n’eut peur ni de la Gaule,
ni des rives du Nil, ni des terres d’Afrique,
ni des îles de la Méditerranée, ni des déserts de l’Empire.

Je parie qu’il ne leur accorda guère la moindre haine.
Je parie qu’il les regarda, plein de pitié.
Une pitié si profonde pour ces âmes lâches
dont la mémoire serait vouée à la haine éternelle.

César était déjà brisé. Brutus, envahi par la honte,
lui asséna le coup fatal.
Ils sortirent, enrobés de lâcheté, le souffle court et tremblant.

La nuit était triste à mourir, et longue…